L’heure d’été, et les soirées plus longues. Je sors de chez moi à 19 heures. Pour la première fois depuis que j’ai commencé à nettoyer les rues, je peux satisfaire ma grande envie de soirs. Les passants ont le temps, et plaisir à parler ; de mon côté, je ne suis pas pressé. L’un me parle de...
Ce matin, grand bleu du ciel, seulement strié par les avions. Je me souviens que l’an dernier à la fin du mois de mars, il n’y en avait aucun. Il n’y avait presque pas de voitures non plus. Nous étions désemparés, mais la ville respirait. L’avenue où je ramasse ce matin semble un champ de ruine,...
Sorti avant sept heures. Soleil. Dans trois jours, à la même heure, il fera de nouveau nuit. À cette heure, passant très près des maisons, je capte des bribes de conversations, les mots essentiels de la vie, bonjour, bois ton jus, n’oublie pas ton écharpe… Je ramasse une bille. Souvenirs...
Sorti des bras de la sœur de Morphée, d’humeur badine dans le petit matin, mais bientôt tout change ; par le rythme de mes pas, la douceur tendre des pensées vagabondes élargit le temps et l’espace. Dans ce quartier que je crois connaître comme ma poche, je passe par des venelles jamais arpentées,...
Chassé de mon lit dès l’aube par les bons anges de ma nuit qui ont clairement l’intention de prendre ma place, attiré par les oiseaux plutôt en mode musique de chambre dans le petit matin (c’est vraiment très différent de l’autre jour), je pars sous la belle promesse du bleu. Le saule pleureur est...
J’ouvre ma fenêtre dans le tôt matin, et c’est la symphonie fantastique des oiseaux. Il faut sortir ramasser en écoutant tout ça. J’emporte mes oreilles, et chasseur-cueilleur, j’avance, je regarde, j’écoute. Le vent doux fait pourtant voleter mon sac tout léger ; pas longtemps, il est...
En octobre 1974, Georges Perec s’est installé pendant trois jours place Saint-Sulpice à Paris ; il a noté tout ce qu’il voyait. Je suis tenté de faire de même, mais les yeux au sol, je ne vois pas grand-chose d’autre que ce que je ramasse. Pour voir, il faut s’arrêter. Alors je m’arrête...
Ce matin dans le jour tout neuf, j’ai ramassé une étoile. D’autres choses aussi, mais je ne pensais qu’à ça : il y a une étoile dans mon sac. Alentour, tout était comme feutré, hors l’aboiement d’un chien. J’ai promené mon étoile dans les rues presque propres. J’ai mis longtemps à...
Je me réveille avec le soleil, et l’envie d’y aller, là, tout de suite, sans manger. Mon quartier calme et le sourire dedans. Il fait très doux. Durant le premier kilomètre, je ne ramasse pratiquement que des mégots. 100 litres de mégots ? J’aurai faim avant d’en voir le bout. Une autre...
Nous sommes déjà le premier mars, l’année file bien vite. Et un temps à ne pas savoir comment s’habiller. C’est que c’est bien physique, la marche à pince. Alors, du presque froid à trop chaud, il n’y a pas long. Mais dans un premier temps, je ne m’en rends pas compte. Et je regarde sans voir...
Qu’il était beau l’arc en ciel ce matin, parcourant la voûte mi bleue mi noire, et dessous les couleurs du paysage réinventées ; mais quelques urgences m’obligeaient à postposer ma balade, c’est donc vers 15h30 que je me suis mis en route. « Et quand il s’embarquait par trop gros...
Je me réveille quelquefois en colère, sans même savoir pourquoi ni comment. La colère est peut-être aussi mystérieuse que la joie. Mais puisqu’elle ne me quitte pas, je m’en vais voir si la marche à pince peut y changer quelque chose. J’ai l’impression de croiser d’autres colères, de ceux qui en...