J’allais passer le week-end chez ma plus grande amie, mais elle a eu l’idée bizarre de se casser le pied, et du coup préféré postposer notre doux rendez-vous. Alors dans le soir tout clair, je m’en vais ramasser.
Au début, je ne ramasse que des mégots ; si ça continue comme ça, j’en aurai pour la nuit. Et au fond, pourquoi pas ?
Je m’étonne toujours de mon rythme rapide au début de la balade, comme s’il me fallait du temps pour m’ajuster. J’ai l’impression que ce temps est de moins en moins long. Bientôt je n’ai plus aucune notion de l’heure, à peine du jour.
Dans le ciel un tout petit quartier de lune montante.
Au champ, un groupe de dîneurs qui regardent le match de football :
– Bonsoir, c’est le camion poubelle.
– Chouette, merci m’sieur.
– Avec plaisir. C’est combien le score ?
– 2 – 0.
– Merci. Et bonne fin de soirée.
Il était temps d’y passer, il va faire bientôt noir.
De retour dans les rues éclairées. Mon sac est bien lourd, et toujours pas plein. Ah mais oui, ce sont des cent litres. Tant mieux, j’aurais dû m’arrêter depuis un moment avec un sac plus petit. Je n’ai pas encore envie de m’arrêter.
Une tâche blanche, j’essaie de ramasser… c’est de la crème glacée. Ma pince est toute collante, et donc ce que je ramasse ne tombe plus dans le sac, il faut aider la chute. Un temps seulement ; quelques minutes plus tard, nettoyée par les papiers, tout rentre dans l’ordre. Juste à temps aussi, le sac est plein.
De retour chez moi, il est 23 heures. Ah oui, quand même ?…