Ce matin, grand bleu du ciel, seulement strié par les avions. Je me souviens que l’an dernier à la fin du mois de mars, il n’y en avait aucun. Il n’y avait presque pas de voitures non plus. Nous étions désemparés, mais la ville respirait.
L’avenue où je ramasse ce matin semble un champ de ruine, et je n’ai jamais vu autant de canettes broyées et émiettées. Dans le même temps les oiseaux s’égosillent, et je pense à ce texte terrible de Blaise Cendrars : Lors de l’assaut de la crête de Vimy pendant la première guerre mondiale, au milieu du carnage, il s’est arrêté soudain pour écouter chanter une alouette. Au milieu de l’horreur, lui souriait, ébloui par ces trilles d’amour.
Le printemps.
Mes oiseaux de ce matin chantent dans la paix, et l’avenue n’est pas en ruine, seulement sale. Belle aussi, des habitants ici et là ont semé des fleurs sur les talus. Et quand je passe devant chez Lison, c’est tout le parterre qui est fleuri, coloré magnifique.
Ce matin, c’est le grand retour des sacs de 60 litres. C’est vraiment différent des 100 litres, et mon bras droit remercie Aurore ; mon bras gauche s’en fiche, il dessine ses volutes dans l’air à peine frais du matin.