Jour de pluie. « Hélas dirai-je il pleut » (Les deux pigeons, La Fontaine).
Hélas ? Non, au point que je me surprends à chanter. Une autre lumière dans la valse des gouttes.
J’ai commencé devant chez moi. On se parle beaucoup par ici, les rencontres sont belles. Et les rues presque propres, alors le vent qui joue forzando fait danser mon sac léger. Invitation à ralentir encore.
Un grillage, et beaucoup de choses derrière, impossible à atteindre. Tant pis.
Deux poules en vigie le long d’une façade. Tout à coup le sac s’alourdit plus vite. Et déjà le temps de le refermer.
Je prends quelques notes ; un homme me dit c’est la deuxième fois que je vous vois, c’est magnifique ce que vous faites. Je ne lui dis pas que l’autre jour je l’ai vu jeter quelque chose à dix mètres de moi, je préfère garder son compliment tout pur.
Sur le chemin du retour, un banc qui disparaît presque sous les mégots ; une poubelle juste à côté ; cinq minutes plus tard le sol brille comme un sou neuf. Je me félicite ? D’accord.
Et donc je chante et ça chante et avec le vent et la pluie ça trombone et ça violoncelle, ça y va du contrepoint et de l’harmonie, la rue nous joue du Jean-Sébastien Bach bac poubelle compris. Et je me dis : c’est bien comme ça.
Et merci à vous qui m’offrez vos commentaires.