Cape noire, pantalon noir, chaussures noires, ma pince en guise d’épée, ce soir il ne me manque qu’un masque noir pour être en mode Zorro défendant la nature pauvre et orpheline contre les mégots envahisseurs. On dira que je suis un Zorro « cognito ».
Et si je changeais d’itinéraire ? Serais-je un peu plus aventurier ? Ou est-ce parce que justement je n’en change presque pas que je reconnais de jour en jour les petits changements de mon quartier ?
Le tapis rose a bien sûr complètement disparu, je salue les cerisiers du Japon uniformément verts. Ce n’est plus le vert tendre d’avril. Si j’étais un arbre, je crois que j’aimerais surtout ce jeune vert de floréal. Au fond, ça me plairait d’être un arbre pendant quelques jours, pour me souvenir ensuite de mes pensées ; j’en serais un peu moins lacunaire que je le suis, humain rien qu’humain.
Une corneille vient faire son marché dans une poubelle en dur sans couvercle…
Deux enfants à vélo : « Merci m’sieur ! Et bon courage ! » dans un magnifique sourire. Oh merci à eux. S’ils savaient le bonheur qu’ils me font.
Aie, mon sac se déchire, et signe la fin de l’épisode. Je n’ai pas pris mon fier destrier, qui d’ailleurs n’est pas noir. Zorro rentre à pied.