Il est huit heures et le jour se lève doucement sur le premier jour de l’an. Le ciel semble choisir le rose, le jaune et le bleu.
Personne. Rigoureusement personne dehors.
Il est huit heures et le jour se lève sur un fameux lendemain de veille. Le 31 décembre, presque partout dans le monde, commande le délire. Cette nuit n’a visiblement pas fait exception, les rues sont dans tous leurs états. J’essaie de m’accrocher le cœur et l’estomac ; ça ne marche pas vraiment. Plus que jamais, je suis pris d’un très grand respect pour tous les balayeurs, nettoyeurs et cantonniers du monde. Ils ont un courage que je ne pense pas avoir. Je leur lance à tous un grand et muet « bonne année ».
Et donc, ma cité a la gueule de bois, et c’est vraiment palpable.
Un homme dort entre deux voitures, les pieds dépassent côté rue. Dort-il ? Je vérifie ; oui, il dort. Je le réveille doucement, lui propose de prendre garde à ses pieds. D’abord étonné d’être où il est, il se lève bientôt ; il a l’air prêt à repartir. Échange de vœux. Je termine mon tour. Le sac est plein, et très lourd.
Il est neuf heure et quart, la nouvelle année fait des propositions pour moi inédites. J’accepte, heureux tout de même que ce ne soit pas tous les jours comme ça.