Chassé de mon lit dès l’aube par les bons anges de ma nuit qui ont clairement l’intention de prendre ma place, attiré par les oiseaux plutôt en mode musique de chambre dans le petit matin (c’est vraiment très différent de l’autre jour), je pars sous la belle promesse du bleu. Le saule pleureur est déjà vert, les trois jeunes tilleuls des Trois Tilleuls font pousser leurs premiers bourgeons, les cerisiers du Japon attendent encore, dernière dormance avant de flamboyer.
Le soleil levant m’éblouit, je mets ma main en visière pour voir. C’est ma main gauche, celle de la pince, qui monte et descend, presque chorégraphique.
Deux boites de soupe non ouvertes ; c’est lourd. Je m’en débarrasse en passant près d’une poubelle. Un seau de peinture, encore plus lourd, aussitôt laissé au service propreté. Ce matin, c’est la valse des petits camions nettoyeurs tout partout dans les rues. De grands signes de la main, joyeux, je fais partie de la famille.
Je trouve le bleu des bouchons très joli. Je me demande ce que ferait un artiste plasticien de tout ce multicolore que je ramasse, bouteilles, masques, piles, mégots, canettes, briquets, papiers… Ce serait un hymne aux balayeurs. On le mettrait où ?
Déjà fini ; il est bien tôt. Et tout un jour à inventer.