Je devais y aller.
Malgré la pluie battante.
Je devais y aller.
Je devais y aller pour Annette.
Pour Pierre.
Je les avais vus, avant-hier, chacun sa pince en main, nettoyant un lieu très encombré de déchets.
Je les avais salués en passant, grand sourire et grands signes, sans m’arrêter, j’étais pressé.
Hier, Annette est partie rejoindre les anges. Sans prévenir.
Je devais aller nettoyer leur rue ; qu’elle soit impeccable.
Je ne pouvais rien faire d’autre.
J’ai rencontré Nadine, leur voisine.
Elle venait de dire à son fils qu’elle n’avait eu que des bonnes nouvelles aujourd’hui. Et puis…
Je ne vois rien à travers mes lunettes. La pluie…
Je regarde par-dessus, mais le nez vers le sol, elles tombent. Elles ne sont pas cassées.
Je pense à Annette et Pierre. 40 ans qu’on se connaît.
Et j’entends la chanson de Brel :
“Et l’autre reste là
Le meilleur ou le pire, le doux ou le sévère
Cela n’importe pas
Celui des deux qui reste se retrouve en enfer.”
Je pense à Pierre
Je pense à Annette
Je pense à Pierre