Sorti avant sept heures. Soleil. Dans trois jours, à la même heure, il fera de nouveau nuit.
À cette heure, passant très près des maisons, je capte des bribes de conversations, les mots essentiels de la vie, bonjour, bois ton jus, n’oublie pas ton écharpe…
Je ramasse une bille. Souvenirs d’enfance ; joue-t-on encore aux billes dans les cours d’écoles ?
Un petit pinceau, qu’a-t-il peint avant de se perdre ?
Des colliers de palettes et leurs systématiques refus d’obtempérer, il faut insister lourdement pour qu’ils ne s’échappent pas du sac.
À huit heures, un temps au champ, les trois brebis et l’agneau s’approchent, bonjour ! puis s’en vont paisser (paître ? brouter ? Les trois mots semblent juste, y a-t-il une nuance ?). Des oiseaux se posent, passent entre les pattes des moutons, s’envolent ensemble sans raison apparente et vont se poser au sommet des peupliers de la zone témoin (personne n’y a touché depuis 2012, pour voir ce que fait la nature quand on ne fait rien).
Le soleil s’est caché, il fait nettement plus froid. Je me remets en mouvement.
Des passants me saluent, on échange quelques mots souriants. Depuis deux heures que je marche, je n’ai croisé personne avec son téléphone portable en main.
Encore une venelle que j’emprunte pour la première fois.
Mon sac est bien présent à mon bras ; avenue de la Fauconnerie, je lui fais mes adieux. J’imagine la suite de son voyage en rentrant lentement chez moi.